#PORTRAIT Geneviève Vidal
Geneviève Vidal
Maître de conférences HDR en sciences de l’information et la communication, membre du LabSIC
Ses recherches portent sur les usages des médiations numériques dans le secteur muséal et l’appropriation sociale des technologies de l’information et de la communication.
Quel est votre parcours à l'Université Paris 13 ?
Je suis arrivée à Paris 13 en 2000. Auparavant, j’effectuais mon doctorat en Hypermédias à Paris 8. Je réalisais parallèlement une veille informationnelle sur les technologies numériques pour le CNRS. Saisir les enjeux des réseaux informatiques et de l’internet m’a toujours motivée. Pendant ma thèse, qui portait déjà sur les musées, je me suis rendue à un colloque entre informaticiens et sociologues. C’est ce qui m’a conduite à intervenir à l’Université de Paris 13 dans le Master Conception et Réalisation d’Exposition Scientifiques, l’ancêtre du Master Dynamiques Culturelles dans lequel j’enseigne encore aujourd’hui.
Comment est né votre projet de recherche sur l'innovation ouverte dans les musées ?
Le projet repose sur une veille permanente sur le développement numérique dans le secteur des musées et sur un ancrage empirique de ma recherche. En effet, je poursuis l’étude du processus d’innovation dans le secteur muséal, tout en réalisant des études de terrain. C’est ainsi que je suis en contact avec des professionnels dans les musées et les institutions culturelles, me permettant de cerner le processus d’innovation ouverte dans ce secteur.
Quand l’appel à résidences sur « le musée nouvelle génération » Muséocamp, en lien avec le Living Lab au Carrefour Numérique de la Cité des Sciences et de l’Industrie (Universcience) a été lancé, j’ai envoyé un dossier de candidature qui a été retenu sur l’innovation ouverte dans les musées. L’objectif était de proposer une recherche exploratoire* sur le sujet, ce qui permettait aussi une réflexion sur les pratiques professionnelles dans les musées. Cette phase a ouvert sur la poursuite de la recherche, qui a été soutenue par le Labex ICCA.
Vos travaux proposent de repenser le musée à travers l'innovation ouverte. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Ces travaux de recherche avaient plusieurs objectifs. Le premier, c’était de mettre en lumière l’organisation et les modes de travail des équipes internes des institutions muséales pour leurs projets relevant de l’innovation ouverte. Ce qui est intéressant, c’est de constater que ces projets rapprochent des professionnels, qui ne collaborent habituellement pas ou peu souvent, et donc stimulent un croisement des compétences. Nous avons ainsi identifié l’innovation organisationnelle et le travail collaboratif, en sachant que les musées collaborent avec des ressources externes comme les prestataires.
En ce qui concerne l’implication des publics au cœur de l’innovation ouverte, nous avons engagé le débat avec les différents participants durant la recherche, des professionnels de musées aux publics, en passant par les chercheurs et les artistes collaborant ou souhaitant collaborer avec les musées. Les échanges avec cette diversité de participants ont soulevé de nombreuses questions, liées à la légitimité de la participation des publics au cœur des projets de musées, ainsi qu’aux résistances engendrées par l’ouverture des musées.
Comment ces questions sont-elles abordées dans le cadre du Master "Dynamiques Culturelles" et "Innovations et Communication" ?
Ce sont des Master qui engagent des travaux sur la médiation culturelle et les publics pour Dynamiques culturelles, sur l’innovation notamment numérique pour Innovations en communication. Les liens entre la recherche et l’enseignement sont essentiels ; c’est ce que j’apprécie dans le métier d’enseignant-chercheur.
Les trajectoires des étudiants mènent-elles vers l'entrepreneuriat ou la recherche ?
Les étudiants en Master sont sensibilisés à l’entrepreneuriat. Le responsable de l’incubateur Incub’13, Mohamed Aboudrar, intervient pour présenter le dispositif et soutenir celles et ceux qui souhaiteraient se lancer dans cette aventure. Certains étudiants ont entrepris des projets professionnels en tant qu’indépendants en France comme à l’étranger.
Quels sont vos futurs projets ?
Si je n’aborde que les projets en lien avec le secteur de la culture, il s’agit d’une collaboration en recherche en lien avec le monde de l’art, numérique et visuel notamment. Pour l’enseignement, je prévois également des projets à déployer avec les étudiants, en collaboration avec des professionnels, notamment du secteur culturel, ce qui permet l’innovation ouverte entre la Recherche et la R&D des institutions culturelles.
*Étape préliminaire d’une recherche, réalisée le plus souvent en interne à l’aide de données documentaires, afin de formaliser en détail la problématique et déterminer les sources qu’il sera nécessaire d’exploiter.